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LA peinture
LA peinture
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Mes potes … peintres.

Mes potes … peintres.

Mes potes … peintres.

 

 

Mes potes … peintres.

 

 

 

Ce matin, devant une repro d’un tableau de Rembrandt (une femme les pieds dans un « ruisseau », Huile sur chêne, présente à Londres, 62x47, 1654) que je souhaite utiliser dans ma série BPP pour peindre « la bise à Rembrandt », je réfléchis à cette intimité étrange qui me lie à ces peintres, morts.

 

Au fil du temps et de mes visites à leur travail, dans des musées, des livres, des repros en tout genre, ces peintres me sont devenus ... proches ? 

 

Je leur parle, souvent, et pire, j’attends une réponse. J'attends qu'ils me soufflent un avis, un simple : « c’est ouf, ton machin, là ». Enfin, je ne suis pas difficile. Je prends tout. Vraiment tout. Et j'attends.

 

 

La « bise à Rembrandt » - en cours.
La « bise à Rembrandt » - en cours.
La « bise à Rembrandt » - en cours.

La « bise à Rembrandt » - en cours.

 

 

 

 

(D’ailleurs, tout autre sujet : Je ne pige pas qu’on puisse avoir peur des fantômes. Si, il y a fantôme, c’est top, c’est le pied, c’est que la mort de l’individu n’existe pas, qu’il y a un tour de passe-passe de la vie et que rien n’a de sens - vive dada et les Monty Python ! - qu’on est des top ignares grave - enfin, ça je le savais d’avant - que c’est la fête, la BIG surprise. Et que, donc, je vais retrouver un tas de cadavres que j’aimais de leur vivant, ou que j’admire encore et que j’ai connu ou pas. Du coup, possible que je risque, finalement, de devenir bavard, moi le taiseux et contemplatif, et de me faire un max de nouveaux potes ? Petite crainte : j'aime pas la foule. ET là, c'est des milliards de trucs "mort-vivants" qui se fréquentent ...)

 

 

 

 

Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.

 

 

Donc,

ouf que je suis, un peu, je tends l’oreille, l’esprit gourmand je peux m’inventer un début de réponse. Avec eux, je ne suis jamais seul. Comme dans la nature. Comme dans la nature ?

 

La création en ébullition.

 

Sur le tableau (mieux, quand c"est en vrai et pas une repro) je vois le geste du peintre, une attente technique ou pensive, son regard dessus glisse encore, ici, là, ce détail, l’ombre de la main, parfois un pouce gras plein d’un pigment, il recule, réfléchit, grimace, s’agace ou pas, décide, sourit, songe, s’évade, voyage.

 

Je vois et ressens une impression et ses mouvements, le mouvement de la vie et son processus créatif. Rien est immobile, malgré l’apparence. Rembrandt Vincent Claude Jean Siméon (jeu : prénom-nom), et tellement d’autres habitent un mur de mon "atelier-Labo-pQf".

 

 

 

Mes potes … peintres.

 

 

 

 

Que des cartes postales. Je manque de place et de sous, pour accrocher les originaux. Néanmoins, pour la plupart, je les ai croisé de musée en musée. Et chaque rencontre est rangée dans ma mémoire. Dedans, une biblio de petites histoires, des Rendez-vous, intimes, avec l’approche, la surprise ou comme une retrouvaille improbable, un choc ou une joie, un sentiment ou/et l’émotion, etc.

 

 

 

Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.

 

 

 

Je me souviens de ma première rencontre avec Rembrandt, papa m'accompagne. Moi petit, le Louvres, je ne fais pas attention au petit tableau, sombre. J'idole bien plus les BD, je jongle entre Tintin et Lagaffe et les magazines de mon grand frère (+10 ans). 

 

Je regarde moins le Rembrandt que mon père, coincé devant sa Bethsabée. J’attends avec impatience, et me demande pourquoi papa ne bouge plus, sourit, et attend. Je m'inquiète. Il attend quoi ?

 

Pus loin, je préfère, pour ma part, les grands Delacroix, David. Le 19ièm qui se la raconte. Géricault impressionne. Je suis sensible à l’illustratif, le monumental, le narratif pur et dur. Surtout quand on « me raconte » une histoire. 

 

C’est l’âge des histoires, du fantastique, du conte, juste à point pour croire aux dieux, au père-Noël et à la petite souris. Des consommables pour nourrir les rêves. Je flambe déjà. 

 

La peinture, je ne peux pas la voir encore, cachée derrière l'encombrante narration. Et plus tard, je découvre que le plus grand nombre de mes semblables en reste là, aux dieux et leurs histoires, le monumental et la gesticulation. Et ils passent à coté de la peinture. Ils ont bien d’autres choses à vivre, et à voir.

 

Je ne sais pas exactement pourquoi, mais, moi, j’ai fouillé. Bloqué ... Bien sûr, réponse = papa, immobile qui attend quoi ?

 

Et le début de ma recherche, et trouver une réponse à cette « question » qui aujourd’hui me lie à mon père, mort, comme à tant d’autres artistes (sauf que dans ce cas précis, du papa, je possède des originaux).

 

 

 

 

Mes potes … peintres.

 

 

 

 

Plus tard, Magritte et ses histoires plus subtiles, folles et poétiques, ont ma préférence. C’est « rigolo », avec une palette simple sinon simpliste. Cela adhère de suite. Pas longtemps. Une colle trop sommaire.

 

Plus tard encore, Ernst plutôt que Dali, Lautrec Monet, plutôt que Renoir. Poliakoff, Kupka plutôt que Kandinsky. etc. Je forme mon goût. Je sélectionne, additionne, mon équipe, ma bande de potes, à jamais. 

 

Avec ado, qui fonctionnent avec mes guerres internes, se battent à mes côtés, Schiele Bacon Soutine, déjà Vincent.

 

Et puis, la découverte sur les grandes affiches piratées de Paris de la figuration libre, Combas et les Di Rosa, etc. Eux bien plus que Basquiat, mode, surfait « à son insu », même si sincère ...

 

De siècle en siècle, du rupestre à Barcello (qui colle ses basques au rupestre). La vie. De couche en couche, glacis après glacis, du fond, une épaisseur, je me pense artiste, puis anartiste, en quête de ma liberté, la plus folle et floue possible.

 

 

 

Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.

 

 

 

Je commence à peindre, à comprendre, à pénétrer les dessous de la matière et le cheminement de la lumière. Je découvre la nécessité du cadre, du plan, pour pouvoir se confronter au lointain. Pour ne pas trop appréhender une exploration toujours ou presque, hors le temps, limite, raisonnable. Découvrir, l’intime et l’universel dans une fusion impossible.

 

Que je crois tout d’abord « magique », car totalement incompréhensible.

 

 

Navigation de longue haleine, grande indécision, choix selon météo et volume de voile.
Navigation de longue haleine, grande indécision, choix selon météo et volume de voile.
Navigation de longue haleine, grande indécision, choix selon météo et volume de voile.
Navigation de longue haleine, grande indécision, choix selon météo et volume de voile.
Navigation de longue haleine, grande indécision, choix selon météo et volume de voile.

Navigation de longue haleine, grande indécision, choix selon météo et volume de voile.

 

 

 

Je me construis, avec eux, mes peintres, cinéastes, écrivains etc. Une compagnie de plus en plus présente. Des lectures multi-angles, à mille perspectives, des tonnes d’expo etc.

 

Je me sens maintenant seul dans la foule des vivants, quand je me sens en sécurité avec mes morts en mémoire. C’est inquiétant docteur ?

 

Parce que moi, et mon ego, ça nous plait « follement » comme ça. Je suis fou, pour la société (mais je m’en cache bien, autant que faire se peut encore).

 

Autre angle, 1 pas de côté :

De mon point de vue - myope astigmate hypermétrope et presbyte - je suis différent dans une société un poil (de mammouth) névropathe.

 

 

 

Mes potes … peintres.

 

 

 

 

Un jour à Londres, je vois cette femme (tableau de Rembrandt).

 

Elle m’émeut, terriblement. Je ressens le regard du peintre, vieilli sur les bords, juste fatigué et un rien ruiné, devant la beauté, incarnée, sensuelle, poétique, sexuée et son reflet mouillé ... qu’elle regarde.

 

Nue sous la toile blanche, sur l’huile du bois et ses bruns, sa terre. L’éclat, la jeunesse, hier et aujourd’hui. L’envie, le désir … la caresse de la main du peintre, du poil de martre, qui se perd dans un pli d’étoffe.

 

 

 

Enfin,

donc,

je suis resté là, scotché, comme "un papa qui attend quoi ?"

 

 

Devant « l’immobile » qui n’arrêtait pas de remuer dans ma tête, et créer ce trouble sans fin, un flou de sentiment, émerveillé. Je n’attendais rien, j’étais libre et hors le temps, sauvé de lui et des crocs de chronos (tableau de Goya en tête, là).

 

J’étais dans cette échappée « magique », accompagné par papa, Rembrandt, mes tableaux, la vie et la Création, mémoire diluée dans l’instant.

 

L’eau du miroir.

 

 

Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.
Mes potes … peintres.

 

 

 

 

Plus tard encore, Amsterdam, devant un autoportrait du même peintre, vers sa fin, je laissais couler des larmes de gratitudes, de plaisir, et,

 

d’amitié (à son insu) ?

 

 

Le dernier autoportrait ...

Le dernier autoportrait ...

 

 

 

 

 

La « bise à Rembrandt » raconterait un peu tout ça. Une carte postale, en tableau, que je souhaite lui adresser dans mon au-delà intime, un tiroir de mémoire, dans le cadre, le fond, le « plan » de ma vie. Raccord avec mon mode créatif, le motif de cette femme pour faire lien avec un jeu de lumière, de matière.

 

Cette femme et mon bateau papier plié, qui navigue dans cette même eau, un même flux, flou et poétique. En attendant, trop loin de Londres, j’attends devant une repro que ...  

 

 

 

que mon pote Rembrandt me cause.